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19 novembre 2020

Villanelle des promis (Extrait de : Aux grands jours, paru l'été dernier)

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Le gamin raille les foudres des dieux mendiants

L'épicéa vacille où le pic les aborde

 

L'instant et le coquelicot courent le vent

Grande cymbale suspendue quitte ta horde  !

 

L'œillet rit dans le pré à l'odeur de renard

Le drap claque aux coups d'air l'ombre tire la corde

 

Le gosse attache à l'heure un collier de pétards

Grande cymbale suspendue quitte ta horde  !

 

Les genoux couronnés de racines de frêne

la fillette répond du ciel de sa marelle

 

Joue avec le tonnerre avant que je ne prenne

sa place dans ton heure au rang des étincelles  !

 

© Club, 2020, et blog littéraire de Christian Cottet-Emard ISSN 2266-3959

Détails ici

En vente sur : https://www.amazon.fr/Aux-grands-jour...

 

03 novembre 2020

Jean-Jacques Nuel a lu Aux grands jours, paru cet été.

Quand on publie de la poésie depuis plus de trente ans, la tentation est grande de faire un retour sur ses débuts et de chercher à comprendre le chemin de son évolution personnelle jusqu'aux plus récentes œuvres. Des questions se posent inévitablement : ces textes anciens sont-ils encore valables, encore lisibles ? Pour ceux qui résistent à un examen critique, ne méritent-ils pas d'être corrigés, voire réécrits ? Est-il bon de les rééditer ?

cce-agj.jpgToutes ces interrogations, Christian Cottet-Emard les a faites siennes, et s'est finalement décidé à republier ses recueils passés. Comme s'il voulait mettre de l'ordre dans ses papiers. Pour solde de tout compte. En choisissant une voie médiane : ne pas republier en l'état d'origine, ne pas tout réécrire, mais corriger. En veillant à ce que les modifications apportées ne nuisent pas à l'élan vital originel.

Pari réussi. Cinq recueils parus entre 1992 et 2004 sont ici regroupés, par ordre chronologique.  : Le passant du grand large, L'alerte joyeuse, La jeune fille, Le monde lisible, Le pétrin de la foudre. Suivent quelques textes ajoutés en fin de volume.

Malgré l'ancienneté de leur conception, tous ces textes témoignent déjà d'une grande maîtrise dans l'écriture, et surtout, ils permettent de mesurer l'évolution, tant dans l'inspiration que dans la forme du vers employé, depuis les premiers textes où se devine parfois l'influence de René Char jusqu'aux derniers plus personnels, plus originaux et aboutis, plus amples, comme dans cet extrait du Monde lisible :

« La flaque d'eau toujours à la même place sur la route forestière où attend la vieille voiture n'est ni le miroir ni le contraire du monde, juste une facette de ce diamant qu'on appelle la Terre. » .

Deux textes rajoutés sont d'une grande originalité : La jeune fille aux sandales de sable et L'île des libellules transparentes sont des œuvres de quatre pages dont l'écriture se situe entre prose et vers, racontant une histoire en versets, toute de mystère et de délicatesse. On a l'impression de découvrir un nouveau genre littéraire.

Jean-Jacques Nuel 

Détails ici

En vente sur : https://www.amazon.fr/Aux-grands-jour...

 

05 octobre 2020

La jeune fille aux sandales de sable

En vain la mer fait le voyage

Du fond de l'horizon pour baiser tes pieds sages.

Tu les retires

Toujours à temps.

 

- Léon-Paul Fargue -

 

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La jeune fille pose le pied sur le quai désert. Elle est chaussée de tennis à la toile défraîchie par le voyage.

 

Dans un nuage des montagnes, l'autorail s'est enveloppé d'une pellicule de gouttelettes.

 

Maintenant qu'il ronronne à l'arrêt sous le soleil de la plaine, quelques irisations perlent encore à la surface de ses tôles et de ses vitres grasses.

 

Unique passagère à descendre dans cette gare, la jeune fille tire sa valise souple à roulettes à l'ombre d'un cèdre où elle a repéré un banc en ciment ébréché.

 

Elle repense aux jardins piquetés de Perce-neige qu'elle a quittés pour ce pays où mûrissent des citrons.

Cette pensée lui vient à la vue d'un lampadaire encore inexplicablement allumé dont le verre a la forme d'un citron mais dont la lumière inutile évoque la blancheur scarieuse des globes de Perce-neige.

 

Les dernières brumes du petit matin s'effilochent dans la chaleur.

 

La jeune fille jette un rapide regard autour d'elle, délace ses tennis et étend ses pieds moites dans un rayon de soleil. Lorsqu'ils sont secs et lisses, elle se rechausse à regret, se lève et tire sa valise à roulettes.

 

Elle traverse les voies puis marche un moment dans des rues encore vides.

 

Du haut d'un mur délabré, un chat la regarde passer en clignant des yeux.

 

D'un pas régulier, elle effleure la poussière sans prêter attention à son ombre le long des dignes façades rayées de persiennes. Parfois, les roulettes de la valise se bloquent en crissant sur du sable.

 

Bientôt, les murs des maisons perdent de leur superbe et l'ombre de la jeune fille s'étire contre une haute palissade de bois clair.

 

Apparaît une porte de bois lessivée par les intempéries et ornée d'un heurtoir en forme d'hippocampe.

 

La jeune fille frappe, ouvre la porte et cela provoque un courant d'air tiède qui dépose une fleur de sel sur ses lèvres.

 

Dès que la porte est refermée, une brise à peine plus fraîche l'enveloppe doucement.

 

Immobile, elle frissonne devant l'océan qui respire comme un gros chat endormi puis tire de nouveau sa valise sur un chemin de caillebotis.

 

Elle s'arrête pour enlever ses tennis dont elle lie les lacets pour les suspendre autour de son cou.

 

La brise marine vient apaiser ses pieds nus sur les lamelles de bois.

 

Un vendeur d'étoffes et de bimbeloterie s'écarte devant elle et lui conseille de prendre garde aux clous qui peuvent dépasser car, insiste-t-il, il n'est pas question de blesser et d'abîmer des pieds aussi fins et délicats qui ne sauraient se contenter de sandales de sable alors que de belles espadrilles jaunes, violettes, bleues ou rouges vraiment pas chères les protégeraient en beauté.

 

Heures, minutes, et secondes se dissolvent dans le temps spécifique des dunes.

 

Le vendeur, le chat qui cligne des yeux, l'autorail irisé, le voyage, tout est reparti au large.

 

Quant à la jeune fille, elle marche dans l'écume et éprouve une joie tranquille.

 

Elle ne s'étonne en rien de sa propre splendeur ni de celle du paysage maritime.

 

Elle pense juste, en regardant ses pieds, qu'à chaque flux et reflux, l'océan s'amuse à lui retirer ses sandales de sable.

 

aux grands jours,club,christian cottet-emard,la jeune fille aux sandales de sable,recueil,récit onirique,blog littéraire de christian cottet-emard,club littéraire des amateurs de cigares,édition,autorail,océan,voyageExtrait de mon recueil récemment paru Aux grands jours.

Tableau : Seul à la plage - Hughie-Lee Smith, 1957.